étoit grand et bien fait, et baisoit une fruitière pour avoir du dessert, une bouchère pour de la viande, et une grainetière pour de l’avoine. Il est vrai qu’il paya une fois une pourpointière en la plus plaisante monnoie du monde. Une vieille femme veuve, de la rue de la Pourpointerie, avoit longtemps habillé ses laquais, de sorte qu’il lui devoit une assez grosse somme : cette femme l’alloit voir souvent et lui présentoit ses parties ; Rénevilliers la remettoit de jour à autre, et cependant il cherchoit quelque invention pour ne pas payer. Enfin il lui dit une fois : « Venez demain matin à dix heures, je vous donnerai contentement. » La vieille fut dès neuf heures dans sa chambre : il envoie chercher à déjeuner, la fait boire, la met en belle humeur, et tout d’un coup il la pousse sur le lit, où il la contenta si bien qu’après cela elle prend ses parties, les jette au feu, et lui dit : « Allez, vous ne méprisez point vieillesse ; il ne sera jamais dit que je demande rien à un si honnête homme que vous. »
On fait un plaisant conte des filles de Saint-Nicolas. Les Cravates brûlèrent Saint- Nicolas quand on prit la Lorraine ; plusieurs d’entre elles se retirèrent d’abord à Châlon : la plupart avoient été violées par ces brûleurs de maisons, et comme il n’y avoit pas moyen de le nier, elles appeloient cela souffrir le martyre. On dit que, comme elles faisoient le récit de leur infortune à l’évêque, il n’en avoit telle qui disoit l’avoir souffert deux fois, qui trois, qui quatre : « Ah ! ce n’est rien au prix de moi, dit l’autre, je l’ai souffert, jusqu’à huit fois. — Huit fois le martyre, s’écria l’évêque : Ah ! ma sœur, que vous avez de mérite ! »
Ruqueville étant à l’extrémité, son tailleur, à qui il devoit beaucoup le pria de lui donner une reconnoissance. « Bon, mon ami, lui dit-il, écrivez, je la signerai. » Il lui dicta : « Je soussigné, etc.., promets à maître, etc.., maître tailleur