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TALLEMANT DES RÉAUX

se crevoit de noix confites. A tout bout de champ, il disoit : « Venez ; venez » ; mais on trouvoit toujours blanque. La femelle rioit et disoit : « Ne vous hâtez pas tant, je le connois bien. » Ces experts disent qu’ils n’ont jamais tant ri ni moins dormi que cette nuit-là.

Le lendemain, qui étoit la cène de septembre à Charenton, on ne fit que parler de l’aventure de Langey. Jamais on n’a dit tant d’ordures le jour du mardi gras. Le ministre Gache étoit si confus que vous eussiez dit que c’étoit à lui que cela étoit arrivé. Jusque-là, quand il marioit quelqu’un, il se tournoit vers le bonhomme Magdelaine, à l’endroit où il y a : Donc, ce que Dieu a joint, que l’homme ne le sépare point, et crioit à haute voix. Depuis, il a lu cela comme le reste. Les femmes qui avoient été pour Langey étoient déferrées : « C’est un vilain, disoient-elles, n’en parlons plus. »

Dès le lundi, une infinité de gens allèrent se réjouir chez madame Le Cocq ; elle leur dit une bonne chose : « Excusez ma nièce, leur disoit-elle ; elle est si fatiguée qu’elle n’a pu descendre. » Langey ne laissa pas de présenter encore requête, disant qu’il avoit été ensorcelé, qu’on l’avoit bassiné d’une autre eau qu’elle. Cela fut cause qu’on ne put avoir arrêt à ce parlement-là.

Depuis la Saint-Martin jusqu’à ce qu’il y eût eu arrêt, il alla partout à son ordinaire, et tout le monde en étoit embarrassé.

Au bout d’un an et demi, Langey prit des lettres en forme de requête civile, pour faire ôter de l’arrêt la défense de se marier ; mais M. le chancelier le rebuta, en disant : « A-t-il recouvré de nouvelles pièces ? “

Depuis la mort de sa grand’mère de Téligny, il se fit appeler le marquis de Téligny ; mais il ne laisse pas d’être Langey pour cela.

Au bout de quelques mois pourtant, Langey ne laissa pas de trouver qui le voulut ; il épousa une fille de trente