Depuis, du temps des rentes rachetées, Montauron, qui ne se trouvoit pas bien ici sous la coulevrine de ses créanciers, s’en alla en Guienne, où son gendre étoit intendant, pour y faire ses recouvrements, car il est receveur- général ; mais, avant que de partir, il découvrit pour dix mille écus à Monnerot, toutes les rentes qu’avoient rachetées ceux dont il avoit été associé en quelque traité. Il est encore à revenir de ce pays-là.
Il s’y est amusé à faire de son mieux, et, contentant sa vanité aux dépens de ses créanciers, il a toujours fait bonne chère. Il s’est occupé à l’astrologie judiciaire, lui qui ne savoit ni À ni B, et il a fait quelquefois des horoscopes, et dit qu’il y a des moyens infaillibles pour accorder les religions. Il alla à Saint-Jean-de-Luz à la conférence, et y tenoit table. Il vint ici l’hiver après le mariage, se fiant sur un arrêt du conseil ; mais on le fit mettre à la Conciergerie d’où Tubeuf- Bouville, conseiller de la grand’chambre, et Tallemant le tirèrent. Il avoit fait rappeler Bouville d’exil du temps du cardinal de Richelieu.
Il écrivit à sa femme, après le mariage déclaré : « Mettez mon fils à l’Académie, donnez- lui un gouverneur, car il le faut élever en homme de condition. » Elle lui répondit : « Je lui donnerai des pages, si vous voulez ; vous n’avez qu’à m’envoyer de l’argent. »
Une famille de Puget de Provence, qui est assez ancienne voyant Pommeuse trésorier de l’épargne, et Montauron déjà en grande faveur, les reconnut pour ses parents. Il y en a une belle généalogie chez Tallemant.