Il y avoit une tablette où il avoit écrit : Tablette des sots : le père Arnoul, confesseur du Roi, qui étoit un glorieux jésuite, lui demanda qui étoient ces sots. « Cherchez, cherchez, lui dit-il, vous vous y trouverez. » Un autre jésuite s’y trouva effectivement, et lui ayant demandé pourquoi, sans se nommer, du Moustier lui répondit en grondant, car il n’aimoit point les jésuites : « Parce qu’il a dit que Henri IV avoit été nourri de biscuit d’acier. » À propos de livres, il contoit lui-même une chose qu’il avoit faite à un libraire du Pont-Neuf, qui étoit une franche escroquerie ; mais il y a bien des gens qui croient que voler des livres ce n’est pas voler, pourvu qu’on ne les vende point après. Il épia le moment que ce libraire n’étoit point à sa boutique, et lui prit un livre qu’il cherchoit il y avoit longtemps. Je crois que la plupart de ceux qu’il avoit lui avoient été donnés.
Il avoit un petit cabinet séparé plein de postures de l’Arétin, qu’il appeloit tablatures, hastam arrigendi causa… Outre cela, il savoit toutes les sales épigrammes françoises. J’ai vu un de ses cousins germains à Rome, du même métier, qui savoit aussi mille vers comme cela.
Il n’aimoit pas plus les médecins que les jésuites et il les appeloit les magnifiques bourreaux de la nature.
Le premier président de Verdun désira de le voir ; un de ses amis l’y voulut mener. « Je ne suis ni aveugle ni enfant, j’y irai bien tout seul » répondit-il. Il y va ; le premier président donnoit audience à beaucoup de gens ; enfin il dit : « J’ai mal à la tête ; qu’on se retire. » On fit donc sortir tout le monde ; il n’y eut que du Moustier qui dit qu’il vouloit parler à M. le premier président qui avoit souhaité de le voir ; il vient et avoit fait dire que c’étoit du Moustier. Le premier président lui dit : « Vous, monsieur du Moustier ! Vous êtes un homme de bonne mine pour être M. du Moustier ! » Lui regarde si personne ne le pouvoit entendre, et, s’approchant de M. de Verdun, il lui dit : «