Et me touche aussi peu que toi.
Il y a :
Et vous _touche, etc.
Madame de Rohan a toujours la vision de se faire battre par ses galants ; on dit qu’elle aimoit cela, et on tombe d’accord que M. de Candale et Miossens (1) l’ont battue plus d’une fois.
[(1)Miossens lui coûte deux cent mille écus. Miossens prit un suisse ; il étoit alors bien gredin ; madame Pilou lui dit : « Quelle insolence ! un suisse pour garder trois escabelles ! — Cela a bon air, lui répondit-il ; quoi qu’il ne garde rien, il semble qu’il garde quelque chose ; on le croira. » (T.) ]
Voici ce que j’ai ouï conter de plus plaisant de M. de Candale et d’elle. Deux autres seigneurs et deux autres dames, dont je n’ai pu savoir le nom,, avoient fait société avec eux, et une fois la semaine ils faisoient tour à tour des noces d’une de ses dames avec son galant. Un jour qu’ils étoient allés à Gentilly, M. de Candale et madame de Rohan se séparèrent des autres et entrèrent dans une espèce de grotte. Quelques grands écoliers qui étoient allés se promener dans la même maison les aperçurent en une posture assez déshonnête ; ils la voulurent traiter de gourgandine et M. de Candale n’ayant point le cordon bleu, ne pouvoit leur persuader qu’il fût ce qu’il disoit. On n’a jamais su au vrai ce qui en étoit arrivé ; et, pour faire le conte bon, on disoit qu’elle avoit passé par les piques ; mais qu’elle n’en avoit point voulu faire de bruit. Cette femme’ en un pays où l’adultère eût été permis, eût été une femme fort raisonnable ; car on dit, comme elle s’en vante, qu’elle ne s’est jamais donnée qu’à d’honnêtes gens ; qu’elle n’en a jamais eu qu’un à la fois, et qu’elle a quitté toutes ses amourettes et tous ses plaisirs quand les affaires de son mari l’ont requis. Elle a cabalé pour lui et l’a suivi en Languedoc et à Venise sans aucune peine.