montra à Arnauld, qui fit sur cela le livre de la fréquente communion. On accuse messieurs Arnauld de n’avoir pas été fâchés d’avoir une occasion de faire parler d’eux. Les Jésuites les haïssoient déjà à cause du plaidoyer d’Antoine Arnauld, et, sur la matière de la grâce, ils les accusèrent d’être huguenots, et disoient : « Paulus genuit Augustinum, Augustinus Calvinum, Calvinus Jansenium, Jansenius Sancyranum, Sancyranus Arnaldu et fratres ejus. » D’ailleurs, les Jésuites, à qui il importe de faire un parti, ont poussé à la roue tant qu’ils ont pu et se sont prévalus de tout ce qui est arrivé, comme de faire croire à la Reine que la Fronde étoit venue du jansénisme.
LA MARQUISE DE SABLÉ
La marquise de Sablé est fille du maréchal de Souvrai, gouverneur du feu Roi ; mais elle ne lui ressemble pas, car elle a bien de l’esprit. J’ai déjà dit qu’elle avoit été fort galante. M. de Montmorency dont par vanité elle voulut être servie, la méprisoit et la faisoit enrager ; elle dissimuloit tout cela par ambition. Voici ce que j’en ai appris après coup : elle étoit fort jeune quand il la vint voir la première fois : c’étoit dans une salle basse, dont une des fenêtres étoit ouverte. Au lieu d’entrer par la porte, il entra en voltigeant par la fenêtre ; cette disposition et un certain air agréable qu’il avoit la charmèrent d’abord, et elle se sentit prise. Il y eut plusieurs absences durant le cours de cette galanterie. Une fois qu’il revenoit de Languedoc, elle étoit à Sablé, et elle envoya un gentilhomme au-devant de lui à une demi-journée, pour lui témoigner l’impatience qu’elle avoit de le revoir ; il lui avoit promis de passer chez elle,