elle, désabusez ce pauvre gentilhomme ; je n’en ai donné qu’à tel et qu’à tel ; qu’à M. de Malherbe, qu’à M. de Racan — Eh ! mademoiselle, c’est moi. -Voyez, Jamyn, le joli personnage ! au moins les deux autres étoient-ils plaisants. Mais celui-ci est un méchant bouffon. — Mademoiselle, je suis le vrai Racan. — Je ne sais pas qui vous êtes, répondit-elle, mais vous êtes le plus sot des trois. Merdieu ! je n’entends pas qu’on me raille. » La voilà en fureur. Racan, ne sachant que faire, aperçoit un recueil de vers. « Mademoiselle, lui dit-il, prenez ce livre, et je vous dirai tous mes vers par cœur. »Cela ne l’apaise point ; elle crie au voleur ! Des gens montent, Racan se pend à la corde de la montée, et se laisse couler en bas. Le jour même elle apprit toute l’histoire ; la voilà au désespoir ; elle emprunte un carrosse, et le lendemain de bonne heure elle va le trouver chez M. de Bellegarde, où il logeoit. Il étoit encore au lit ; il dormoit ; elle tire le rideau ; il l’aperçoit, et se sauve dans un cabinet. Pour l’en faire sortir, il fallut capituler. Depuis, ils furent les meilleurs amis du monde, car elle lui demanda cent fois pardon. Bois- Robert joue cela admirablement ; on appelle cette pièce les Trois Racans. Il les a joués devant Racan même, qui en rioit jusqu’aux larmes, et disoit : Il dit vlai, il dit vlai.
Racan dit qu’ayant promis une pistole à une maquerelle pour une demoiselle qu’elle lui devoit faire voir, au lieu de cela elle lui fit voir une guenippe, et qui n’avoit rien de demoiselle. Racan ne lui donna qu’une pièce de quatorze sous et demi, le quart d’une pièce de cinquante-huit sous ; elles n’étoient pas communes alors. « Qu’est-ce là ? dit- elle. —C’est, lui dit-il, une pistole déguisée en pièce de quatorze sous, comme vous m’avez donné une demoiselle déguisée en femme de chambre. »