Page:Tallemant des Réaux - Historiettes, Mercure de France, 1906.djvu/106

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il chassa sa femme, et ne voulut point reconnoître le fils dont elle accoucha. Il l’a reconnu depuis, mais long-temps après. Cette femme jusque-là vécut de carottes à Montreuil-Belay, en Anjou, pour épargner quelque chose à son enfant. Jusqu’à cette heure elle demeure chez lui, en Anjou, où il va quelquefois, mais elle ne vient point à Paris. Il a le malheur d’avoir un sot fils. À propos de cela, M. de Guise, comme ils dînoient ensemble, lui ayant dit : « Qu’y-a-t-il entre un cocu et un autre ? — Une table, » répondit-il ; car ils n’étoient pas de même côté.

Il dit à la Reine-mère que l’évêque d’Angers étoit saint, et qu’il guérissoit de la v… L’évêque le sut et s’en plaignit : « Eh ! comment l’aurois-je dit ? dit Bautru, il en est encore malade. »

Jouant au piquet, à Angers, contre un nommé Goussaut, qui étoit si sot que pour dire sot on disoit Goussaut, Bautru vint à faire une faute, et, en s’écriant, dit : « Que je suis Goussaut ! — Vous êtes un sot, lui dit l’autre. — Vous avez raison, répondit-il ; c est ce que je voulois dire. »

Il disoit à mademoiselle d’Attichy, fille d’honneur de la Reine-mère : « Vous n’êtes pas trop mal fine, avec votre sévérité. Vous avez si bien fait que vous pourrez, quand vous voudrez, vous divertir deux ans sans qu’on vous soupçonne. »

À la province, je ne sais quel juge de bicoque l’importunoit trop souvent. Un jour que cet homme vint le demander, il dit à son valet : « Dis-lui que je suis au lit. — Monsieur, il dit qu’il attendra que vous soyez levé. — Dis-lui que je me trouve mal — Il dit qu’il vous enseignera