un volume de son Histoire de France. Le Roi trouva le visage de l’abbé Suger à sa fantaisie ; il en fit le crayon sans rien dire, bien loin de rien donner à l’auteur. Il raya après la mort du cardinal toutes les pensions des gens de lettres, en disant : « Nous n’avons plus affaire de cela. »
Depuis la mort du cardinal, M. de Schomberg lui dit que Corneille vouloit lui dédier la tragédie de Polyeucte. Cela lui fit peur, parce que Montauron avoit donné deux cents pistoles à Corneille pour Cinna. Il n’est pas nécessaire, dit-il — Ah ! Sire. reprit M. de Schomberg, ce n’est point par intérêt. « Bien donc, dit-il, il me fera plaisir. » Ce fut à la Reine qu’on la dédia, car le Roi mourut entre deux.
Une fois, à Saint-Germain, il voulut voir l’état de sa maison pour la bouche. Il retrancha un potage au lait à la générale Coquet, qui en mangeoit un tous les matins. Il est vrai qu’elle étoit assez truie sans cela.
Il trouva sur le compte des biscuits que l’on avoit donnés à M. de La Vrillière. Dans ce même moment, M. de La Vrillière entra. Il lui dit brusquement : « À ce que je vois, La Vrillière, vous aimez fort les biscuits. » En revanche, il parut bien libéral quand, en lisant : Un pot de gelée pour un tel, qui étoit malade, il dit : « Je voudrois qu’il m’en eût coûté six, et qu’il ne fût pas mort. » Il retrancha trois paires de mules de sa garde-robe ; et M. le marquis de Rambouillet, qui en étoit grand-maître, lui ayant demandé ce qu’il vouloit qu’on fît de vingt pistoles qui étoient restées de ce qu’on avoit donné pour acheter des chevaux pour le chariot du lit, il lui dit : « Donnez-les à un tel, mousquetaire, à qui je les dois. Il faut commencer par payer ses dettes. » Il rabattit aux fauconniers du cabinet les bouts carrés qu’ils achetoient pour peu de chose des écuyers de cuisine et les leur fit donner pour leurs oiseaux sans récompenser les écuyers de cuisine.
Il n’étoit pas humain. En Picardie, il vit des avoines