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Cellini. L’orgue a les jeux les plus compliqués et les plus brillants ; deux moines sont Allemands, et étudient dans les archives les trésors enfouis de l’ancienne musique. On a tout ici, les arts, la science, les grands spectacles de la nature. Voilà ce que le vieux monde féodal et religieux avait fait pour les âmes pensives et solitaires, pour les esprits qui, rebutés par l’âpreté de la vie, se réduisaient à la spéculation et à la culture d’eux-mêmes. La race en subsiste encore ; seulement ils n’ont plus d’asile ; ils vivent à Paris, à Berlin, dans des mansardes ; j’en sais plusieurs qui sont morts, d’autres s’attristent et se roidissent ; d’autres s’usent et se dégoûtent. La science fera-t-elle un jour pour ses fidèles ce que la religion a fait pour les siens ? Y aura-t-il jamais un Mont-Cassin laïque ?