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Vue de la côte
Vue de la côte


BIARRITZ. — SAINT-JEAN DE LUZ.
I

À une demi-lieue, au tournant d’un chemin, on aperçoit un coteau d’un bleu singulier : c’est la mer. Puis on descend, par une route qui serpente, jusqu’au village.

Triste village, sali d’hôtels blancs réguliers, de cafés et d’enseignes, échelonnés par étages sur la côte aride ; pour herbe, un mauvais gazon troué et malade ; pour arbres, des tamarins grêles qui se collent en frissonnant contre la terre ; pour port, une plage et deux criques vides. La plus petite cache dans son recoin de sable deux barques sans mâts ni voiles, qu’on dirait abandonnées.

L’eau ronge la côte ; de grands morceaux de terre et de pierre, durcis par son choc, lèvent à cinquante pieds du rivage leur échine brune et jaune, usés, fouillés, mordus, déchiquetés, creusés par la vague, semblables à un troupeau de cachalots échoués. Le flot aboie ou beugle dans leurs entrail-