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LES LANDES. — BAYONNE.


chanvre, reculent serrant les fils et tissant leur câble qui s’allonge. Les navires en file s’amarrent au quai ; les cordages grêles dessinent leur labyrinthe sur le ciel, et les matelots y pendent accrochés comme des araignées dans leur toile. Les tonneaux, les ballots, les pièces de bois, sont pêle-mêle sur les dalles. On sent avec plaisir que l’homme travaille et prospère. Et ici la nature est aussi heureuse que l’homme. La large rivière d’argent se déroule sous le rayonnement du matin. De minces nuages détachent sur l’azur leur bande de nacre. Le ciel ressemble à une arcade de lapis-lazuli. Sa voûte se pose sur l’extrémité du fleuve qui avance sans flots et sans effort, sous les miroitements de ses ondulations paisibles, entre deux rangées de coteaux, jusqu’à une colline où des bois de pins d’un vert tendre descendent à sa rencontre, aussi gracieux que lui. Cependant la marée monte, et les feuilles des chênes commencent à luire et à chuchoter sous le faible vent de la mer.


Port de Bayonne
Port de Bayonne