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LES LANDES. — BAYONNE.


II


Rue de Bayonne
Rue de Bayonne

Bayonne est une ville gaie, originale, demi-espagnole. Partout gens en veste de velours et en culotte courte ; on entend la musique âpre et sonore de la langue qu’on parle au delà des monts. Des arcades écrasées bordent les grandes rues ; sous ce soleil il faut de l’ombre.

Un joli palais épiscopal, élégant et moderne, enlaidit encore la laide cathédrale. Le pauvre monument avorté lève piteusement, comme un moignon, son clocher arrêté depuis trois siècles. Des échoppes se sont collées dans ses creux, en manière de verrues ; on a plaqué çà et là de gros emplâtres de pierre ; ce vieil invalide fait peine à voir, à côté des maisons neuves et des boutiques affairées qui se pressent autour de ses flancs salis.

J’étais tout chagrin de cette décrépitude, et une