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Port de Bordeaux
Port de Bordeaux


III

Le lendemain soir, une fraîche brise maritime nous a ramenés à Bordeaux. L’énorme ville entasse le long du fleuve ainsi que des bastions ses maisons monumentales ; le ciel rouge est crénelé par leur bordure. Elles d’un côté, le pont de l’autre, protégent d’une double ligne le port où s’entassent les vaisseaux comme une couvée de mouettes ; ces gracieuses carènes, ces mâts effilés, ces voiles gonflées ou flottantes, entrelacent le labyrinthe de leurs mouvements et de leurs formes sur la magnifique pourpre du couchant. Le soleil s’enfonce au milieu du fleuve qu’il embrasse ; les agrès noirs, les coques rondes, font saillie dans son incendie, et ressemblent à des bijoux de jais montés en or.