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CORRESPONDANCE

d’aimer Macaulay[1] ; c’est la tête la plus saine et le cœur le plus sain ; et pour l’art, le slyle, il n’a pas son égal en Europe. En Angleterre, on le goûte moins qu’autrefois ; tant pis pour le public anglais !

Veuillez, je vous prie, présenter mon respect à Mme de Vogüé et croire à mon affectueux dévouement.


À F. NIETZSCHE
Paris. 14 décembre 1888
Monsieur,

Vous m’avez fait beaucoup d’bonneur en m’envoyant votre Götzen-Dämmerung[2] ; j’y ai lu ces boutades, ces résumés bumoristiquesà la Carlyle, ces définitions spirituelles et à portée profonde que vous donnez des écrivains modernes. Mais vous avez raison de penser qu’un

  1. E.-M. de Vogüé à H. Taine, 18 octobre 1888 : « Les longues journées de chemin de fer entre Kharkof et Paris m’ont paru courtes, car j’ai employé ce temps à relire l’histoire de Macaulay, dont je n’avais qu’un souvenir trop lointain. Dieu que c’est fort et substantiel ! Comme on sent là à chaque ligne la sécurité tranquille du génie anglais ! Le récit avance avec la confiance d’un de leurs vaisseaux de haut bord, qui se sent fait en bonnes planches de chêne, et ne doute pas un instant de sa royauté sur la création. Je ne crois pas qu’il y ait un meilleur livre à recommander à ses enfants, dans notre époque d’anémie et de tribulation intellectuelles ; il faudrait leur faire lire cela comme on fait prendre du fer en pilules. »
  2. A paru à Leipzig à la fin de l’année 1888.