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CORRESPONDANCE

mon impression que les deux mots allemands dont vous vous servez : Unmensch und Uebermensch[1].

Agréez, je vous prie, etc.


À MADAME H. TAINE


Champel, 12 juillet 1887

… Je lis un roman de Mrs Craik, intitulé Hannah. Cela est touchant, noble, idéaliste, comme tout ce qu’elle fait, unspotted from the world. Mais c’est dangereux à lire pour les jeunes filles ; elle reprend un motto de Dryden, à propos d’Antoine et Cléopàtre : the world well lost, or all for love ; cela pousse les imaginations et les exigences du cœur au delà de toute limite ; le principe est qu’il ne faut se marier qu’avec un sentiment extraordinaire, unique, éternel, que, si on ne l’éprouve pas, on commet un sacrilège. Je l’ai vue chez M. Guizot, c’est une vieille fille qui a rêvé de maternité et d’amour jusqu’à 35 ans, puis s’est mariée avec un homme plus jeune qu’elle.

Voici un écho (vrai ou faux) du Figaro, mais impor-

  1. F. Nietzsche à H. Taine, 4 juillet 1887, à propos de l’Étude sur Napoléon : Ich war nicht übel auf sie (l’étude sur Napoléon) vorbereitet durch ein neuerdings erschienenes Buch Mr. Barbey d’Aurevilly’s, dessen Schlusskapitel — über neure Napoléon litteraturwie ein langer Schrei des Verlangens klang — wonach doch ? unzweifelhaft gerade nach einer solchen Erklärung und Auflösung jenes ungeheueren Problems von Unmensch und Uebermensch, wie sie sie uns gegeben haben.