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« LE RÉGIME MODERNE ». LA MALADIE ET LA MORT

signaler dans la presse son grand ouvrage sur la Culture de la Renaissance en Italie.

Veuillez agréer, avec mes vifs remerciements, etc.


À MADAME FRANCIS PONSOT


Menthon-Saint-Bernard, 13 novembre 1886


Chère Madame,


Je suis bien content qu’Armand ne soit pas entré à l’École Polytechnique et suive la carrière pratique que vous lui avez ouverte. Non seulement cela sera très bon pour sa santé, mais rappelez-vous les impressions de son père ; j’ai eu les mêmes dans le même métier ; les carrières hiérarchiques et règlées d’avance font l’effet d’une caserne ou d’un manège ; on y est parqué ; l’initiative et l’invention y nuisent, quand par hasard on en a, on est forcé d’en sortir. Armand a touché les hautes mathématiques ; elles lui seront une distraction pour les soirées de solitude et d’hiver, un refuge d’esprit, une oasis dans les découragements et les dégoûts, à peu près comme le grec, la philosophie ou la botanique dans d’autres carrières. S’il avait poursuivi ses études dans ce sens à l’École Polytechnique, il en saurait plus qu’il n’en faut pour la pratique, moins qu’il n’en faut pour la spéculation pure et il aurait avalé trop à la fois, trop précipitamment et par trop gros morceaux pour sa