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d’un très-long canal pour digérer sa pâture, a l’intestin dix fois long comme le corps ; changé en grenouille carnivore, son intestin raccourci n’a plus que deux fois la distance de la bouche à l’anus. La larve vorace du hanneton a un œsophage, un estomac gros et musculeux, entouré de trois couronnes de petits caecums, un intestin grêle, un gros intestin énorme, trois fois plus gros que l’estomac, et remplissant tout le tiers postérieur du corps. Devenu hanneton et plus sobre, il ne lui reste qu’un canal assez grêle, dépourvu de renflements. L’instinct et les besoins variant, l’estomac varie, et réciproquement. Il y a cent exemples semblables ; il y en a cent mille, puisque, dans sa mère ou hors sa mère, chaque animal subit des métamorphoses. Donc, de la nutrition on peut déduire les changements que subit, dans un même individu, tout un système de faits.

Donc la nutrition est la cause de tout un groupe de faits.

Me voilà délivré de ce groupe. Il n’est composé que de conséquences. Je n’ai plus besoin de le regarder, je le retrouverai par raisonnement au besoin. Ce sont cinq cents faits réduits à un seul. Dans les recherches ultérieures, je n’aurai plus à m’occuper que du fait sommaire et générateur.

Pourquoi cette nutrition incessante ? Parce que la destruction est incessante ; la destruction ou dis-