vés et par l’invention des instruments observateurs.
La même analyse crée les sciences morales, et par le même moyen.
« Rabelais a écrit le Pantagruel » Chacun traduit cette phrase à l’instant par le fait le plus net. On voit le vieux petit volume, la reliure de parchemin, les événements racontés, tout le détail des cinq ou six cents pages. Mais remarquez que ce fait extérieur et apparent traîne autour de lui un long cortège d’inconnues. Quelle est la philosophie de Rabelais ? Comment raisonne-t-il ? Quelle est l’espèce et la mesure de son imagination ? Dans quel ordre, avec quelle intensité, selon quelle proportion les images et les idées s’enchaînent-elles dans son cerveau ? En quoi consiste sa bouffonnerie ? Quelle part y ont la philosophie, la prudence et le tempérament ? Quelle est la conformité de son livre et des mœurs du temps ? Pourquoi les ordures et les folies y ont-elles une si grande place ? Quel est son style ? D’où vient ce mélange de termes populaires et de termes savants de vieilleries et de néologismes ? D’où vient ce débordement effréné de bavardages, d’énumérations, de citations, d’inventions, d’extravagances, de philosophie, de gaudrioles ? Quelles facultés personnelles et quelles mœurs environnantes ont produit ce géant en goguette, ce mé-