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seule, elle peut toujours atteindre. Cette chose unique, absolument dépendante de nous-mêmes, est la vertu. Donc notre fin en ce monde est la pratique de la vertu.

Mais d’autre part, en vertu de l’axiome que la fin absolue d’un être est appropriée à sa nature, et en vertu de cette observation que notre fin présente n’est pas appropriée à notre nature, il est nécessaire qu’à notre vie soient ajoutées une ou plusieurs vies, telles que nos penchants primitifs puissent y recevoir un contentement parfait.


III


Voilà le bien défini, le devoir institué, la vie présente réglée, la vie future prouvée. L’enchaînement semble rigoureux, et la réponse complète. Cependant qui n’éprouve en la lisant une secrète inquiétude ? Ce mot fin, destinée, si souvent répété, n’a jamais été éclairci. Selon les habitudes de son école, M. Joufïroy l’a employé sans le résoudre en exemples, et sans revenir aux faits particuliers d’où il est tiré. Qui est-il ? Que veut-il dire ? Peut-être a-t-il deux sens différents. Peut-être est-ce un masque employé tour à tour par deux personnages. Si cela est, je suis trompé, je les ai confondus en un seul ; j’ai attribué à l’un ce qui n’est vrai