sibilité se resserre comme pour fermer passage à la douleur ; elle fait plus, elle se détourne de la cause, elle la fuit, on la sent qui se replie en elle-même ; c’est la concentration opposée à l’expansion. Puis bientôt après et presque en même temps, à ce mouvement par lequel elle semble se dérober à l’objet désagréable, se mêle un troisième et dernier mouvement qui éloigne et qui repousse cet objet, et qui correspond en s’y opposant au mouvement attractif[1].
Les deux triades sont jolies, parallèles comme les deux branches d’une pincette, aussi ingénieuses que celles des philosophes alexandrins. Mais lisons-les en naturalistes, amateurs de faits ; voici ce que nous répondrons :
« La sensibilité s’épanouit. » Nous n’entendons pas cela. Qu’est-ce que cette abstraction que M. Jouffroy traite comme une fleur ? Cela ne me représente rien ; j’ai besoin de traduire. Sensibilité signifie, je crois, la capacité de sentir, le moi sensible. Remplaçons et voyons.
« Le moi sensible s’épanouit, se dilate, se met au large, puis se porte hors de soi et se répand vers l’objet qui l’affecte agréablement, puis enfin tend à ramener cet objet vers lui, à se l’assimiler, pour ainsi dire. » Je n’entends plus du tout. Il n’y a là qu’une image poétique. Cela est littéraire, non scientifique. Est-ce que le moi peut « se dilater, se
- ↑ Mélanges, p. 263.