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nemis de toute affectation, si amateurs du style clair et des termes simples, et cette pensée le préserva des expressions abstraites ou vagues sur lesquelles les métaphysiciens chevauchent dans leurs promenades fantastiques, dont l’obscurité prétentieuse pouvait plaire à des écoliers, à des bourgeois, à des poètes, mais qui auraient exclu l’auteur du salon de Mme de la Fayette, et l’auraient relégué dans la société des sulpiciens.

Il acheva ses études avec gloire, et fut dès lors considéré comme une des espérances du clergé français. Il s’attacha à Bossuet, et fit avec lui toutes ses retraites. Ce grand homme, théologien prudent, réprima quelques témérités de son disciple, et le retint dans les limites du dogme. Il l’aima, car il trouvait en lui, quoique à un moindre degré, toutes les parties de son propre génie. La seule différence entre ces deux esprits, c’est que Bossuet était serein dans la grandeur et s’y trouvait dans son assiette, tandis que M. Cousin, pour y atteindre, avait besoin de s’exalter ; Bossuet restait maître de lui-même au plus fort de son éloquence ; M. Cousin s’enivrait de ses propres paroles, et la fantasmagorie des images troublait la sûreté de son inspiration. Au reste, le jeune homme suivit tous les pas de son maître ; il fut comme lui théologien et philosophe ; il voulut comme lui allier la raison et la foi ; il accabla de superbes paroles les matéria-