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qui les unit. Elle découvrirait ainsi que la nature est un ordre de formes qui s’appellent les unes les autres et composent un tout indivisible. Enfin, analysant les éléments et les définitions, elle essayerait de démontrer qu’ils ne pouvaient se réunir qu’en un certain ordre de combinaisons, que tout autre ordre ou combinaison renferme quelque contradiction intime, que cette suite idéale, seule possible, est la même que la suite observée, seule réelle, et que le monde découvert par l’expérience trouve ainsi sa raison comme son image dans le monde reproduit par l’abstraction.

Telle est l’idée de la nature exposée par Hegel, à travers des myriades d’hypothèses, parmi les ténèbres impénétrables du style le plus barbare, avec le renversement complet du mouvement naturel de l’esprit. On vient de voir que cette philosophie a pour origine une certaine notion des causes. J’ai tâché ici de justifier et d’appliquer cette notion. Je n’ai point cherché autre chose ici ni ailleurs.

H. Taine.