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verez de pareils chez aucun orfèvre. Le travail est exquis, il n’y a point d’ouvriers aussi habiles que les miens. Jamais on ne vit rien de si riche, ni de si galant. »

Nous nous en allons munis de cette description ; mais je ne sais pas si nous connaissons la boutique de M. Josse.

M. Cousin a décrit le dix-septième siècle, à peu près de la même manière, et pour la même raison. Il était chez lui, et, sans le savoir, il se jugeait lui-même. Tel talent, tel goût. Son esprit ressemblait à celui du dix-septième siècle ; il n’a pu s’empêcher d’aimer, d’admirer, de louer uniquement le dix-septième siècle. Il a dit partout : beau, parfait, sublime, et il n’a point décrit ni défini ce dont il parlait.

C’est qu’il était orfèvre. L’esprit du dix-septième siècle, surtout pendant la première moitié, est, comme le sien, tout oratoire. Le public a fait sa rhétorique sous Balzac. On prend pour matière ces idées générales, ces descriptions de sentiments, ces vérités moyennes, qui sont l’objet propre de l’éloquence. On disserte avec Mlle de Scudéri, on fait des portraits avec Mademoiselle, on apprend le pur français avec Vaugelas, et l’on se pique de bien parler et bien écrire. On s’étudie à développer une idée, à la présenter successivement sous plusieurs formes, à l’introduire par un côté ou par un autre