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face, et si on leur eût dit que l’auteur, écrivain admirable, avait commencé par écouter leurs leçons. Où est le style exact qu’ils enseignent ? Qu’est devenue cette doctrine des signes, vérifiée dans toutes les sciences ? A-t-on oublié que si l’on ne considère pas les mots comme des chiffres, on ne peut raisonner pendant six lignes sans commettre six erreurs ? Où est cet amour du style simple, le seul intelligible, cette haine des mots abstraits, toujours obscurs ? Je prends une phrase très-courte, je suppose qu’un analyste du dix-huitième siècle soit ici et veuille la comprendre : comptez toutes les tranformations qu’il devra lui faire subir, et jugez par le nombre des traductions à quelle distance la pensée philosophique de M. Cousin erre et s’égare au dessus des faits :

Page 16. Les faits volontaires sont seuls marqués aux yeux de la conscience du caractère d’imputabilité et de personnalité.

Un homme ordinaire ne comprendra pas ces mots : faits volontaires. Il ne sait pas bien non plus ce qu’est cette abstraction personnifiée, douée d’yeux, changée en témoin, et nommée la conscience. Il sera tout effarouché par les deux terribles substantifs imputabilité et personnalité. Il aura besoin de se souvenir que l’un vient du verbe imputer et l’autre du mot personne. Il es-