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LE RÉGIME MODERNE


après la bataille d’Austerlitz, ou mieux encore, en 1809, depuis son retour d’Espagne jusqu’à la paix de Vienne ; quelle que soit notre insuffisance technique, nous comprendrons que son esprit, par sa compréhension et sa plénitude, déborde au delà de toutes les proportions connues ou même croyables. — Il y a trois atlas principaux en lui, à demeure, chacun d’eux composé « d’une vingtaine de gros livrets », distincts et perpétuellement tenus à jour. — Le premier est militaire et forme un recueil énorme de cartes topographiques aussi minutieuses que celles d’un état-major, avec le plan circonstancié de toutes les places fortes, avec la désignation spécifique et la distribution locale de toutes les forces de terre et de mer : équipages, régiments, batteries, arsenaux, magasins, ressources actuelles et futures en

    Dalmatie). — Au général Dejean, 28 avril 1806 (sur les fournitures du ministère de la guerre) ; 27 juin 1806 (sur les fortifications de Peschiera) ; 20 juillet 1806 (sur les fortifications de Wesel et de Juliers). — Mes souvenirs sur Napoléon, 353, par le comte Chaptal : « Un jour, l’Empereur me dit qu’il voulait former une école militaire à Fontainebleau ; il me fit connaître les principales dispositions de cet établissement et m’ordonna de rédiger le tout par articles et de le lui apporter le lendemain. Je passai la nuit à ce travail et je le lui portai à l’heure indiquée. Il le lut et me dit que c’était bien, mais que ce n’était pas complet ; il me fit asseoir et me dicta, pendant deux ou trois heures, un plan d’organisation, en 517 articles ; je crois que jamais rien de plus parfait n’est jamais sorti de la tête d’un homme. — Une autre fois, l’impératrice Joséphine devait aller prendre les eaux à Aix-la-Chapelle, l’Empereur me fit appeler et me dit : « L’impératrice part demain pour les eaux : c’est une femme bonne et facile ; il faut lui dicter sa marche et lui tracer sa conduite. Écrivez. » Il me dicta 21 pages grand papier ; tout y était prévu, jusqu’aux questions et réponses qu’elle devait faire aux autorités de la route. »