d’exécuter le grand rêve italien du moyen âge. C’est d’après cette vision rétrospective que le Dioclétien d’Ajaccio, le Constantin du Concordat, le Justinien du Code civil, le Théodose des Tuileries et de Saint-Cloud, reconstruit la France.
Cela ne veut point dire qu’il copie : il retrouve ; sa conception n’est pas un plagiat, mais un cas d’atavisme ; elle lui est suggérée par la forme de son intelligence et par les traditions de sa race. En fait de conceptions sociales et politiques comme en fait de littérature et d’œuvres d’art, son goût spontané est ultra-classique. On s’en aperçoit à la façon dont il comprend l’histoire de France : des historiens d’État, « encouragés par la police », en feront une, sur commande ; ils la conduiront « depuis la fin de Louis XIV jusqu’à l’an VIII », et leur objet sera de montrer combien l’architecture nouvelle est supérieure à l’ancienne. « Il faut[1] faire remarquer le désordre perpétuel des finances, le chaos des assemblées provinciales…, les prétentions des parlements, le défaut de règle et de ressort dans l’administration, cette France bigarrée, sans unité de lois et d’administration, étant plutôt une réunion de vingt royaumes qu’un seul État, en sorte qu’on respire en
- ↑ Correspondance, note pour M. Crétet, ministre de l’intérieur, 12 avril 1808.
magne, et, par Charlemagne, l’héritier des anciens Césars. — De fait, c’est l’œuvre des anciens Césars qu’il reproduit, par analogie d’imagination, de situation, de caractère, mais dans une Europe différente et où cette reproduction posthume ne peut être qu’un anachronisme.