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LE RÉGIME MODERNE


pontificaux et de la Hollande, puis des villes hanséatiques et du duché d’Oldenbourg, à allonger sur le littoral entier, depuis les bouches de Cattaro et Trieste jusqu’à Hambourg et Dantzig, son cordon de commandants militaires, de préfets et de douaniers, sorte de lacet qu’il serre tous les jours davantage, jusqu’à étrangler chez lui, non seulement le consommateur, mais encore le producteur et le marchand[1]. — Tout cela, dans les formes autoritaires que l’on connaît, quelquefois par simple décret, sans autre motif allégué que son intérêt, ses convenances et son bon plaisir[2], arbitrairement et brusquement, à travers quels attentats contre le droit des

  1. Mollien, III, 135, 190. — En 1810, « renchérissement de 400 pour 100 sur le sucre, de 100 pour 100 sur le coton et sur les matières tinctoriales ». — « Plus de 20 000 douaniers étaient employés à la frontière contre plus de 100 000 contrebandiers en activité continuelle et favorisés par la population. » — Souvenirs inédits du chancelier Pasquier, III, 284. — Il y avait des licences pour importer des denrées coloniales, mais à condition d’exporter une quantité proportionnée d’objets fabriqués en France ; or l’Angleterre refusait de les recevoir. En conséquence, ne pouvant rapporter ces objets en France, on les jetait à la mer ». — « On commença d’abord par consacrer à ce commerce le rebut des manufactures, puis on finit par fabriquer des objets qui n’avaient pas d’autre destination, par exemple, à Lyon, des taffetas et des satins. »
  2. Proclamation du 27 décembre 1805 : « La dynastie de Naples a cessé de régner, son existence est incompatible avec le repos de l’Europe et l’honneur de ma couronne. » — Message au Sénat du 10 décembre 1810 : « De nouvelles garanties m’étant devenues nécessaires, la réunion des embouchures de l’Escaut, de la Meuse, du Rhin, de l’Ems, du Weser et de l’Elbe à l’empire m’ont paru être les premières et les plus importantes… La réunion du Valais est une conséquence prévue des immenses travaux que je fais faire depuis dix ans dans cette partie des Alpes. »