Quand on veut s’expliquer une bâtisse, il faut s’en représenter les circonstances, je veux dire les difficultés et les moyens, l’espèce et la qualité des matériaux disponibles, le moment, l’occasion, l’urgence ; mais il importe encore davantage de considérer le génie et le goût de l’architecte, surtout s’il est propriétaire, s’il bâtit pour se loger, si, une fois installé, il approprie soigneusement la maison à son genre de vie, à ses besoins et à son service. — Tel est l’édifice social construit par Napoléon Bonaparte ; architecte, propriétaire et principal habitant, de 1799 à 1814, il a fait la France moderne ; jamais caractère individuel n’a si profondément imprimé sa marque sur une œuvre collective, en sorte que, pour comprendre l’œuvre, c’est le caractère qu’il faut d’abord observer[1].
- ↑ La principale source est, bien entendu, la Correspondance de l’empereur Napoléon Ier en trente-deux volumes. Par malheur, cette correspondance est encore incomplète, et, notamment à partir du tome VI, elle a été expurgée de parti pris : « En général, disent les éditeurs (XVI, 4), nous avons pris pour guide cette idée très simple, que nous étions appelés à publier ce que l’Empereur aurait livré à la publicité, si, se survivant à lui-