Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 8, 1904.djvu/8

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
4
LA RÉVOLUTION


dans la Côte-d’Or. — Dilapidations et concussions. — Les marchands de grâces à Bordeaux. — Les briseurs de scellés à Lyon. — Les acquéreurs de biens nationaux. — Les ventes d’objets mobiliers. — Détournements et fraudes. — Un procès-verbal chez le maire de Strasbourg. — Les ventes d’immeubles. — Les commissaires aux déclarations à Toulouse. — Le personnel administratif et les sociétés d’acheteurs en Provence. — Le comité révolutionnaire de Nantes. — VII. La force armée, garde nationale et gendarmerie. — Son épuration et sa composition. — Les armées révolutionnaires à Paris et dans les départements. — Qualité des recrues. — Leur emploi. — Leurs expéditions dans les campagnes et dans les villes. — Leurs exploits aux environs de Paris et à Lyon. — La compagnie des Marats, les hussards américains et la légion germanique à Nantes. — Caractère général du gouvernement révolutionnaire et du personnel de la Terreur.

I

Pour fournir aux souverains locaux les lieutenants et agents subordonnés dont ils ont besoin, il y a le peuple jacobin du lieu, et l’on a vu[1] de quelles recrues il se compose, déclassés, affolés et pervertis de toute espèce et de toute condition, surtout de la plus basse, subalternes envieux et haineux, petits boutiquiers endettés, ouvriers viveurs et nomades, piliers de café et de cabaret, vagabonds de la rue et de la campagne, hommes du ruisseau et femmes du trottoir, bref toute « la vermine antisociale », mâle et femelle[2] ; dans ce ramassis,

  1. La Révolution, VI, 168 à 178, et 256.
  2. Si les témoignages recueillis ci-dessus ne suffisaient pas, en voici d’autres, fournis par trois étrangers, qui étaient bien placés pour voir. — Gouverneur Morris (Lettre du 30 décembre 1794) : « Les Français se sont trouvés plongés dans un abîme de misère et d’esclavage, esclavage d’autant plus avilissant que les hommes qui le leur faisaient subir ne méritaient que le plus profond