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LA FIN DU GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


gouvernée, le Directoire et ses agents ne sont que de faux patriotes, des usurpateurs, des oppresseurs, des contempteurs de la loi, des dilapidateurs et des politiques ineptes ; comme tout cela est vrai et qu’en l’an VII le Directoire, usé par ses vingt et un mois d’omnipotence, discrédité par ses revers, méprisé par les généraux, haï par l’armée battue et sans solde, n’ose plus et ne peut plus lever le sabre, les ultrajacobins reprennent l’offensive, se font élire par leurs pareils, reconquièrent la majorité au Corps législatif, et, à leur tour, le 30 prairial, ils purgent le Directoire. Treilhard, Merlin de Douai et La Révellière de Lépeaux sont chassés ; à leur place on met des fanatiques bornés, Gohier, Moulins, Roger Ducos. Des revenants de la Terreur s’installent aux ministères, Robert Lindet aux finances, Fouché à la police ; partout, dans les départements, on place ou l’on replace aux postes administratifs les « exclusifs », c’est-à-dire les vauriens déterminés qui ont fait leurs preuves[1]. Dans la salle

    avons cru devoir vous proposer de l’annuler… On dira : « Votre projet est une véritable liste de proscription. » — « Pas plus que la loi du 19 fructidor. » — Cf., pour les destitutions en province, Sauzay, X. ch. LXXXVI. — Albert Babeau, II, 486. Pendant les quatre aimées que dura le Directoire, la municipalité de Troyes fut renouvelée sept fois, en totalité ou en partie.

  1. Buchez et Roux, XXXIX, 61 (séance du 30 prairial an VII). — Sauzay, X, ch. LXXXVII. — Léouzon-Leduc, Correspondance diplomatique avec la cour de Suède, 293 (Lettres du baron Brinckmann, 1er, 7, 11, 19 juillet, 4 août, 23 septembre 1799) : « L’épuration des fonctionnaires, dont on parle tant à présent, n’a absolument pour but que d’éloigner les partisans d’une faction, pour leur substituer ceux d’une autre, sans que le caractère moral y entre pour rien… Ce sont ces choix de personnes sans probité, sans justice et sans principes d’honnêteté quelconque, pour les places