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LA RÉVOLUTION


sédés, du clergé régulier et séculier, des corporations et des communautés, même laïques, des propriétaires absents ou fugitifs, 700 millions ; total, en trois ans, 2 milliards. — Si l’on regarde de près dans ce tas monstrueux, on y trouve, comme dans le coffre d’un pirate algérien, un butin que jusqu’ici les belligérants chrétiens, les commandants d’une armée régulière, répugnaient à prendre, et sur lesquels les chefs jacobins mettent la main, incontinent, de préférence : argenterie et mobilier des églises, dans les Pays-Bas, dans le pays de Liège et dans les électorats du Bas-Rhin, 25 millions ; argenterie et mobilier des églises en Lombardie, dans les trois Légations, dans l’État Vénitien, le Modénois et l’État de l’Église, 65 millions ; diamants, vaisselle, croix d’or et autres dépôts des monts-de-piété à Milan, Bologne, Ravenne, Modène, Venise, Rome, 56 millions ; caisses des hôpitaux à Milan et en d’autres villes, 5 millions ; mobilier et objets d’art des villas vénitiennes et des palais de la Brenta, 6 millions et demi ; dépouilles de Rome mise à sac comme autrefois par les mercenaires de Bourbon, antiques, collections, tableaux, bronzes, statues, trésors du Vatican et des palais, joyaux et jusqu’à l’anneau pastoral que le commissaire directorial a lui-même ôté du doigt du pape, 43 millions ; tout cela, sans compter le reste des articles analogues, et notamment les contributions nominatives, levées sur tels et tels particuliers, en leur qualité de riches et de propriétaires[1], véritables rançons, semblables à celles que les

  1. Mallet du Pan, Mercure britannique, no du 10 janvier 1799 :