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LA RÉVOLUTION


nales, cinq ou six Vendées rurales et persistantes, en Belgique, en Suisse, en Piémont, en Vénétie, en Lombardie, dans l’État Romain, à Naples, et, pour les réprimer, on brûle, on saccage, on fusille. — Là-dessus, toute phrase serait faible ; il faudrait produire des chiffres, et je n’en puis donner que deux.

L’un est le chiffre des vols commis à l’étranger[1] ;

    25 décembre 1798, 10 mars et 10 juillet 1799). Détails et documents sur les insurrections populaires en Belgique, en Suisse, en Souabe, dans le Modénois, l’État romain, le Piémont et toute la haute Italie. — Lettre d’un officier de l’armée française, datée de Turin et imprimée à Paris : « Partout où passent les commissions civiles, les peuples s’insurgent, et, quoique j’aie failli être quatre fois victime de ces insurrections, je ne puis blâmer ces malheureux : on leur enlève jusqu’à la paille de leurs lits. Au moment où j’écris, la plus grande partie du Piémont s’est levée contre les voleurs français : c’est ainsi qu’on nous traite. Pourrais-tu en être surpris quand je te dirai que, depuis la prétendue révolution de ce pays, qui fait un laps de temps de trois ou quatre mois, nous avons dévoré 10 millions numéraire, 15 millions papier-monnaie, les diamants, le mobilier de la couronne, etc. ? Les peuples nous jugent d’après notre conduite ; nous leur sommes en horreur, en exécration. »

  1. Mallet du Pan, Ib., nos du 10 janvier 1799 (Tableau énumératif par articles, avec détails, chiffres et dates). — (Ib., n° du 25 mai 1799 : Détail du pillage de Rome, d’après le Journal de M. Duppa, témoin oculaire. — Ib., nos du 10 février et du 25 février 1799 : Détail des spoliations exercées en Suisse, en Lombardie, à Lucques et dans le Piémont. — Sur les rapines particulières, voici quelques chiffres : En Suisse, « le commissaire directorial Rapinat, le général en chef Schauembourg et le commissaire ordonnateur Rouhière ont emporté chacun un million tournois. » Rouhière, en outre, prélevait pour lui 20 pour 100 sur chaque ordonnance qu’il délivrait aux entrepreneurs de service, ce qui lui a valu 350000 livres. Son premier secrétaire, Toussaint, a volé, à Berne seulement, 150000 livres. Le secrétaire de Rapinat, Amberg, s’est retiré avec 300000 livres. » — Le général de Lorge a rapporté 165000 livres du pillage de Sion ; Brune a pris pour sa part 300000 livres tournois en espèces, outre quantité