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LA FIN DU GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


lions, forcé, progressif et levé tout entier « sur la classe aisée » ; enfin loi des otages, celle-ci atroce, conçue dans l’esprit de septembre 1792, suggérée par les célèbres motions de Collot d’Herbois contre les détenus et de Billaud-Varennes contre le petit Louis XVII, mais élargie, précisée, formulée avec un sang-froid de légiste et une prévoyance d’administrateur, applicable en grand, et appliquée. — Remarquez que, sans compter les nouveaux départements belges où une large insurrection persiste et se propage, plus de la moitié du territoire tombe sous le coup de cette loi ; car, sur quatre-vingt-six départements de la France proprement dite, il en est quarante-cinq qui en ce moment, aux termes mêmes du décret[1], sont « notoirement en état de troubles civils » ; en effet, dans ces départements, selon les rapports officiels, « des rassemblements de conscrits résistent de toutes parts, à main armée, aux autorités chargés de les lever ; des bandes de 200, 300, 800 hommes parcourent le pays ; des troupes de brigands forcent les prisons, assassinent les gendarmes et mettent les détenus en liberté ; des percepteurs sont pillés, tués ou mutilés, des officiers

    Les impositions affament le pays. » — Mallet du Pan, Mercure britannique, 25 janvier 1799 : « Des milliers d’invalides à jambe de bois vont s’établir en garnison chez les contribuables qui ne payent pas à la volonté des percepteurs. La proportion des impositions actuelles à celles de l’Ancien régime est de 32 à 88 pour les villes généralement. »

  1. Tocqueville, Œuvres complètes, V, 65 (Extraits des rapports secrets sur l’état de la République, 26 septembre 1799). — Décret du 24 messidor an VII.