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LA FIN DU GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


Jemmapes, 884 dans Sambre-et-Meuse, 925 dans la Lys, 957 dans les Deux-Nèthes, 1043 dans Meuse-Inférieure, 1469 dans la Dyle, en tout 7260 énumérés, sans compter les noms qui manquent[1] ; nombre d’entre eux se sauvent à l’étranger ou se cachent ; mais le reste est pris, et il s’en trouve assez pour charger largement et incessamment les charrettes. — « Il n’est pas de jour, écrit un habitant de Blois[2], qu’il n’en vienne coucher aux Carmélites, depuis sept jusqu’à vingt » et davantage. Le lendemain ils repartent pour les casemates de l’île de Ré ou pour les marais de Sinnamary, et l’on sait ce qu’ils y deviennent : au bout de quelques mois, les trois quarts sont dans le cimetière. — À l’intérieur, de temps en temps, on en fusille pour l’exemple, sept à Besançon, un à Lyon, trois dans les Bouches-du-Rhône, et, sur tous ces meurtres déguisés ou affichés, les adversaires du fanatisme, les philanthropes officiels, les déistes éclairés de Fructidor édifient le culte de la Raison.

Reste à consolider, avec le culte de la Raison, le règne de l’Égalité ; c’est le second article du credo jacobin. — Il s’agit de faucher toutes les têtes qui dépassent encore le niveau commun, et cette fois de les faucher, non pas une à une, mais par grandes

  1. Ludovic Sciout, IV, 656.
  2. Dufort de Cheverny, Mémoires, septembre 1798. — Ib., 26 février 1799 : « Vingt et un prêtres de Belgique arrivent aux Carmélites. » — 9 septembre 1799 : « On vient encore de faire partir deux charrettes pleines de prêtres pour les îles de Ré et d’Oléron. »