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LA FIN DU GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


glanté la salle[1], « sur 84 anciens départements, 66 ont choisi la pluralité des électeurs parmi les antirépublicains, 8 ne sont bons ni mauvais, 10 seulement sont restés fidèles aux Jacobins[2] ». — Nommé par de tels électeurs, on devine quel doit être le nouveau tiers. « Des 250 conventionnels exclus par le sort, à peine cinq ou six ont été réélus ; on ne compte pas huit départements où les Jacobins aient obtenu quelques nominations. » — Aussitôt après l’arrivée des nouveaux représentants, les voix du Corps législatif ayant été recensées, il se trouve que « le gouvernement en a 70 sur 250 chez les Anciens, et 200 sur 500 dans le Conseil des Jeunes », bientôt moins de 200 partisans dans ce Conseil[3], tout au plus 130, lesquels seront certainement exclus, au prochain renouvellement, par des élections de plus en plus antijacobines. De l’aveu des gouvernants, encore un an, et pas un conventionnel, pas un jacobin pur ne siégera dans le Corps législatif ; partant, selon les révolutionnaires, en l’an VI la contre-révolution sera faite.

Cela signifie qu’en l’an VI la Révolution sera finie, et que le régime pacifique de la loi remplacera le régime brutal de la force. En fait, la très grande majorité des représentants et la presque totalité des Français n’ont pas d’autre objet ; ils veulent se débarrasser du régime social et civil qu’ils subissent depuis le 10 août 1792 et

  1. Thibaudeau, II, 152, 153. — Mallet du Pan, II, 262,
  2. Mallet du Pan, II, 265, 268, 278.
  3. Thibaudeau, II, 244, 248.