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LA FIN DU GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


jurisconsultes, officiers, administrateurs, membres de la Constituante ou Feuillants sous la Législative, Mathieu Dumas, Vaublanc, Dupont de Nemours, Siméon, Barbé-Marbois, Tronson du Coudray. En particulier, la capitale a choisi Dambray, ancien avocat général au Parlement de Paris, et Pastoret, ancien ministre de Louis XVI ; les deux célèbres avocats qui ont plaidé pour le roi devant la Convention, Tronchet et de Sèze, ont été nommés par Versailles. — Or, avant le 13 Vendémiaire, deux cents membres de la Convention étaient déjà de cœur avec les électeurs parisiens[1], contre les Terroristes. Cela fait dans le Corps législatif une grosse minorité d’opposants, qui marchent abrités par la Constitution ; derrière elle et derrière eux, en attendant mieux, l’élite et la pluralité des Français s’abritent. Le Directoire est obligé de ménager ce large groupe si bien soutenu par l’opinion publique, partant de ne pas trop gouverner à la turque, de respecter, sinon l’esprit, du moins le texte de la loi, de ne pas exercer sur les élections locales une contrainte trop impudente. — C’est pourquoi la plupart des élections locales restent à peu près libres ;

  1. Mallet du Pan, ib., I, 369 (Lettre du 22 novembre 1795) : « Jamais la résistance des sections n’eut éclaté si unanime et si persévérante, sans les incitations de deux cents membres monarchistes de la Convention et sans les secours auxquels ils s’étaient engagés. Ils avaient promis de monter à la tribune, d’y défendre la cause de Paris, d’entraîner la majorité, et, dans le cas où ils ne parviendraient pas à faire révoquer le décret des Deux-Tiers, de se séparer de la Convention et de venir siéger au milieu des sections : la pusillanimité de ces deux cents membres les fit manquer à toutes ces promesses… Je garantis la certitude de cette anecdote. »