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LA RÉVOLUTION


« plusieurs districts de l’Indre, écrit le représentant en mission[1], les subsistances manquent absolument ; même, dans quelques communes, plusieurs habitants ont été réduits à l’affreuse nécessité de se nourrir de glands, de son et autres subsistances malsaines… » En particulier, « les districts de la Châtre et d’Argenton sont réduits à périr de faim s’ils ne sont pas promptement secourus… La culture des terres est abandonnée, la majeure partie des administrés parcourent les départements voisins, pour y chercher leur subsistance ». — Et il est douteux qu’ils la trouvent. Dans le Cher, « les bouchers ne peuvent plus tuer, les magasins des marchands sont vides ». Dans l’Allier, « les boucheries et les marchés publics sont déserts, toutes espèces d’aliments et de légumes y ont disparu, les auberges sont fermées ». Dans tel district de la Lozère, composé de cinq cantons dont un seul produit un excédent de seigle, on ne vit, depuis le maximum, que de réquisitions imposées au Gard et à la Haute-Loire ; ce que les représentants ont extorqué à ces deux départements « a été distribué aux municipalités, et, par celles-ci, aux plus indigents ; bien des familles entières, bien des pauvres gens et même des riches ont souffert la privation du pain pendant six ou huit jours, et à diverses reprises[2] ».

  1. Archives nationales, AF, II, 111 (Lettre de Michaud, Châteauroux, 18 et 19 pluviôse an II).
  2. Dauban, Paris en 1794, 480, 492, 494 (Lettres de l’agent national du district de Sancoins, 9 thermidor an II ; du directoire de l’Allier, 9 thermidor ; de l’agent national du district de