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LES GOUVERNÉS


moitié de ce qu’elles lui ont coûté[1], il n’est rentré qu’à moitié dans ses avances. Partant il ne peut renouveler son assortiment qu’à moitié, moins qu’à moitié, puisqu’il n’a pu solder ses achats, que son crédit va baissant, que les représentants en mission lui ont pris son numéraire, son argenterie et le restant de ses assignats. C’est pourquoi, le mois suivant, les acheteurs ne trouvent, sur les planches de sa devanture dégarnie, que des rogatons ou des rebuts.

Pareillement, après la proclamation du maximum[2], le

    du maximum promulguée et exécutée… (Mais) on n’a pas pris les mesures nécessaires pour empêcher un nouvel accaparement de la part du campagnard qui s’est transporté en foule aux boutiques de marchands, a enlevé toutes les marchandises et causé une disette factice. »

  1. Archives nationales, F7, 4421. (Pétitions des commerçants et boutiquiers de Troyes à propos de la taxe révolutionnaire, notamment des bonnetiers, fabricants de toile, de cotonnade, marchands de laine, fer et chanvre, tisserands, fabricants, épiciers. — En général, perte de moitié, parfois des trois quarts, sur le prix d’achat).
  2. Archives des affaires étrangères, tome 330 (Lettre de Brutus, Marseille, 6 nivôse an II) : « Depuis le maximum, tout manque à Marseille. » — Ib. (Lettre de Soligny et Gosse, Thionville, 5 nivôse an II) : « Aucun paysan ne veut plus rien apporter sur les marchés. Ils font six lieues pour vendre plus cher ; par suite, les communes qu’ils approvisionnaient jadis sont affamées… Selon qu’on les paye en argent ou en assignats, la différence est quelquefois de 200 pour 100, et presque toujours de 100 pour 100. » — Un séjour en France, 188-189. — Archives nationales, D, § I, carton 2 (Lettres du représentant Albert, 19 germinal an III, et de Joffroy, agent national près le district de Bar-sur-Aube, 5 germinal an III) : « Les municipalités se sont toujours exemptées des réquisitions, et les ont fait tomber sur des cultivateurs ou propriétaires hors d’état d’y satisfaire. La répartition entre les contribuables s’est faite avec l’inégalité la plus révoltante… Partialité, par intérêt, par liaison de parentage et d’amitié. »