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LES GOUVERNÉS


« en vente journellement et publiquement les marchandises et denrées de première nécessité » qu’ils détiennent ; établissement d’un prix maximum au-dessus duquel nul ne pourra vendre « le pain, les farines et les grains, les légumes et les fruits, le vin, le vinaigre, le cidre, la bière et les eaux-de-vie, la viande fraîche, la viande salée, le lard, le bétail, les poissons secs, salés, fumés ou marinés, le beurre, le miel, le sucre et l’huile douce, l’huile à brûler, la chandelle, le bois à brûler, le charbon de bois et le charbon de terre, le sel, le savon, la soude et la potasse, les cuirs, les fers, l’acier, la fonte, le plomb et le cuivre, le chanvre, le lin, les laines, les toiles et les étoffes, les sabots, les souliers et le tabac » ; crime d’accaparement et peine capitale pour celui qui en garde au delà de sa consommation ; amendes énormes, prison, pilori pour qui vend au delà du prix fixé[1] : tels sont les expédients directs et

    24 février 1794. — Camille Boursier, Essai sur la Terreur en Anjou, 254 (Lettre de Buissart à son ami Maximilien Robespierre, Arras, 14 pluviôse an II) : « Nous mourons de faim au milieu de l’abondance ; je crois qu’il faut tuer l’aristocratie mercantile, comme on a tué celle des nobles et des prêtres. Les communes, à la faveur d’un magasin de subsistances et de marchandises, doivent être seules admises à faire le commerce. Cette idée, bien développée, peut se réaliser ; alors tout le bénéfice du commerce tournerait à l’avantage de la République, c’est-à-dire à l’avantage du vendeur et de l’acheteur. »

  1. Archives nationales, AF, II, 49 (Pièces sur la taxe révolutionnaire levée à Belfort, le 30 brumaire an II) : « Verneur père, taxé à 10 000 livres, comme ayant recelé des marchandises que sa sœur déposait chez lui pour les soustraire à la taxe future. » — Campardon, I, 292 (Jugements de la commission révolutionnaire de Strasbourg). — « Le premier commis de la pharmacie Hecht étant accusé d’avoir vendu deux onces de rhubarbe et