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LA RÉVOLUTION


être 150 000 familles, fermiers aisés, petits propriétaires ruraux, boutiquiers, détaillants, artisans-maîtres et ouvriers-patrons, syndics de village et syndics de métier[1], gens établis et possesseurs d’un capital quelconque, ayant leur champ et leur toit, ou leur fonds

  1. Albert Babeau, le Village sous l’ancien régime, 56, ch. III et IV (sur les syndics de village). Ib., 357, 359 : « Les paysans avaient le droit de délibérer directement sur leurs affaires communes et d’élire librement leurs principaux agents… Ils connaissaient leurs besoins communs, ils savaient s’imposer des sacrifices, pour l’école, pour l’église… (pour les réparations de) l’horloge et de la cloche. Ils nommaient leurs agents, et d’ordinaire ils choisissaient les plus capables. » — Id., la Ville sous l’ancien régime, 29. Les corporations d’artisans étaient au nombre de 124 à Paris, de 64 à Amiens, de 50 à Troyes et à Châlons-sur-Marne, de 27 à Angers. Elles lurent réduites, par les édits de 1776, à 44 pour Paris et à 20 au maximum pour les principales villes du ressort du Parlement de Paris. — « Chaque corporation était une cité dans la cité… Comme la commune, elle avait ses lois particulières, ses chefs électifs, ses assemblées, sa maison ou au moins sa chambre commune, sa bannière, son blason, ses jetons, ses couleurs. » — Id., Histoire de Troyes pendant la Révolution, I, 23, 529. — Les corps et communautés de métiers, dont les noms suivent, rédigent, en 1789, des cahiers de doléances : Apothicaires, Orfèvres et horlogers, Libraires et imprimeurs, Maîtres perruquiers, Épiciers, ciriers et chandeliers, Boulangers, Tailleurs, Maîtres cordonniers, Traiteurs et rôtisseurs, Aubergistes, Chapeliers, Maîtres maçons, Couvreurs et ouvriers à chaux, plâtre et ciment, Maîtres charpentiers, Maîtres menuisiers, tonneliers et ébénistes, Maîtres couteliers, armuriers et fourbisseurs, Fondeurs, chaudronniers et épingliers, Maîtres serruriers, taillandiers, ferblantiers et autres ouvriers en fer, Vinaigriers, Maîtres tondeurs à grandes forces, Maîtres cordiers, Maîtres tanneurs, Marchands maîtres teinturiers et apprêteurs, Selliers et bourreliers, Maîtres encordeurs et charbonniers, Cartiers, papetiers et cartonniers, Compagnons bonnetiers, Compagnons des arts et métiers. — En quelques villes, un ou deux de ces corps naturels se sont maintenus à travers la Révolution et subsistent, par exemple celui des bouchers à Limoges.