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LA RÉVOLUTION


MM. d’Arçon, d’Obenheim, de Montalembert, de Marescot, les hommes éminents que lui a légués l’ancien régime[1]. Réduit, avant le 9 Thermidor, à la nullité parfaite, le ministère des affaires étrangères ne redeviendra utile et actif que lorsque les diplomates de profession, Miot, Colchen, Otto, Reinhard[2], y reprendront l’ascendant ou l’influence. C’est un diplomate de profession, Barthélemy, qui, après le 9 Thermidor, dirigera en fait la politique extérieure de la Convention, et conclura la paix de Bâle.

III

Trois classes, la noblesse, le clergé, la bourgeoisie, fournissaient cette élite supérieure, et, comparées au

  1. Mallet du Pan, Mémoires, II, 23, 44 : « Le comité de la guerre est formé d’officiers du génie et de l’état-major, dont les principaux sont Meusnier, Favart, Saint-Fief, d’Arçon, Lafitte-Clavé et quelques autres. D’Arçon a dirigé la levée du siège de Dunkerque et celle du siège de Maubeuge… Ces officiers ont été choisis avec discernement ; ils rédigent et préparent les opérations ; aidés de secours immenses, des cartes, plans et reconnaissances recueillis au Dépôt de la Guerre, ils opèrent réellement d’après l’expérience et les lumières des grands généraux de la monarchie. »
  2. Miot de Melito, Mémoires, I, 47. — Correspondance de Mallet du Pan avec la cour de Vienne, publiée par André Michel, I, 26 (3 janvier 1795) : « La Convention sent tellement le besoin de serviteurs propres à soutenir le fardeau de ses embarras, qu’elle en cherche, aujourd’hui même, parmi les royalistes prononcés. Par exemple, elle vient d’offrir la direction du trésor royal à M. Dufresne, ancien premier chef du département sous le règne du feu roi, et retiré depuis 1790. C’est dans le même esprit, et par un choix encore plus extraordinaire, qu’elle pense à confier le commissariat des affaires étrangères à M. Gérard de Rayneval, premier chef de correspondance depuis le ministère du duc de Choiseul jusqu’à celui de M. le comte de Montmorin inclusivement ; c’est un homme d’opinions et de