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LA RÉVOLUTION


des salons, avaient l’expérience des affaires. De ce nombre étaient presque tous ceux qui étaient en place ou qui avaient agi, ambassadeurs, officiers généraux, anciens ministres, depuis le maréchal de Broglie jusqu’à Machault et Malesherbes, les évêques résidents, comme M. de Durfort à Besançon[1], les vicaires généraux et les chanoines qui, en fait et sur place, administraient les diocèses, les prélats qui, en Provence, en Languedoc, en Bretagne, siégeaient de droit dans les états provinciaux, les agents et représentants du clergé à Paris, les chefs d’ordres et de congrégations, les commandants en premier et en second des dix-sept gouvernements militaires, les intendants de chaque généralité, les premiers commis de chaque ministère, les magistrats de chaque parlement, les fermiers généraux, les receveurs généraux, et plus particulièrement, dans chaque province, les dignitaires ou propriétaires locaux des deux premiers

  1. Sauzay, I, introduction. — Tocqueville, l’ancien Régime et la Révolution, 166 : « J’ai eu la patience de lire la plupart des rapports et débats que nous ont laissés les anciens états provinciaux, et particulièrement ceux du Languedoc, où le clergé était encore plus mêlé qu’ailleurs aux détails de l’administration publique, ainsi que les procès-verbaux des assemblées provinciales qui furent réunies en 1779 et 1787 ; et, apportant dans cette lecture les idées de mon temps, je m’étonnais de voir des évêques et des abbés, parmi lesquels plusieurs ont été aussi éminents par leur sainteté que par leur savoir, faire des rapports sur l’établissement d’un chemin ou d’un canal, y traiter la matière en profonde connaissance de cause, discuter, avec infiniment de science et d’art, quels étaient les meilleurs moyens d’accroître les produits de l’agriculture, d’assurer le bien-être des habitants, et de faire prospérer l’industrie, toujours égaux et souvent supérieurs à tous les laïques qui s’occupaient avec eux des mêmes affaires. »