Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 8, 1904.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
9
LES GOUVERNANTS


« ment ces certificats : des Ronsin, des Jourdan, des Maillard, des Vincent, des banqueroutiers, des teneurs de tripot, des coupe-jarrets. Demande à tous ces personnages s’ils ont payé une contribution patriotique, s’ils payent exactement leurs impôts ordinaires, s’ils font des dons à leur section pour les pauvres, pour les soldats volontaires, et tu verras que non. La Commune donne des certificats de civisme à ses satellites, et les refuse aux meilleurs citoyens. » Le monopole est patent, on ne s’en cache pas ; six semaines plus tard, il devient officiel[1] : « plusieurs sections arrêtent de ne point accorder de certificats de civisme aux citoyens qui ne seraient point membres d’une société populaire. » — Et, de mois en mois, la rigueur des exclusions va croissant. On annule les anciens certificats, on en impose de nouveaux, on charge ces nouveaux brevets de formalités nouvelles, on exige un plus grand nombre de répondants, on refuse plusieurs catégories de garants, on est plus strict sur les gages donnés et sur les qualités requises, on ajourne le candidat jusqu’à plus ample informé, on le rejette sur le moindre soupçon[2] : il doit

  1. Archives nationales, F7, 31167 (Rapport de Latour-Lamontagne, Ier ventôse an II) : « C’est donner à ces sociétés une trop grande influence ; c’est anéantir les assemblées générales (de section). Aussi a-t-on observé que celles-ci commencent à devenir désertes, et que les cabaleurs et intrigants sont parvenus à rendre les sociétés populaires le centre de toutes les affaires publiques, afin de les diriger plus facilement. »
  2. Dauban, 203 (Rapport de Bacon-Tacon, 19 ventôse) : « À l’assemblée générale de la section de la Maison Commune, on a passé au scrutin épuratoire tous les citoyens ayant un grade dans les compagnies. La moindre tache d’incivisme, la moindre