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LA RÉVOLUTION


veillance, on lui interdit toute action commune, on lui montre la hache toujours levée et la prison toujours ouverte, on la ruine et on la décime. — Depuis six mois, toutes ces rigueurs sont décrétées et pratiquées, désarmement des suspects, taxes sur les riches, maximum contre les commerçants, réquisitions sur les propriétaires, arrestations en masse, jugements expéditifs, arrêts de mort arbitraires, supplices étalés et multipliés. Depuis six mois, tous les instruments d’exécution sont fabriqués et opèrent, Comité de Salut public, Comité de Sûreté générale, proconsuls ambulants munis de pouvoirs illimités, comités locaux autorisés à taxer et emprisonner qui bon leur semble, armée révolutionnaire, tribunal révolutionnaire. Mais, faute d’accord interne et d’impulsion centrale, la machine ne fonctionne qu’à demi, et son action n’est ni assez directe, ni assez universelle, ni assez forte. — « Vous êtes trop loin de tous les attentats, dit Saint-Just[1] ; il faut que le glaive de la loi se promène partout avec rapidité, et que votre bras soit partout présent pour arrêter le crime… Les ministres avouent qu’ils ne trouvent qu’inertie et insouciance au delà de leurs premiers et de leurs seconds subordonnés. » — « Chez tous les agents du gouvernement, ajoute Billaud-Varennes[2], l’apathie est égale… Les autorités

    Chacun d’eux, en descendant la garde, remettait ses armes, plus ponctuellement que s’il y eût été tenu par un article d’une capitulation conclue avec un ennemi victorieux.

  1. Moniteur, XVIII, 106 (Rapport de Saint-Just, 10 octobre).
  2. Ib., 473 (Rapport de Billaud-Varennes, 13 novembre).