Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 7, 1904.pdf/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
LE GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE


mêmes leur révolte. À leur tête, les députés fugitifs se croiraient coupables d’usurpation, si, comme la Montagne à Paris, ils se constituaient à Caen en assemblée souveraine[1] : rendre témoignage sur le 31 mai et sur le 2 juin, exhorter le peuple, être éloquents, selon eux, leur droit et leur devoir se réduisent à cela. Ils n’ont pas qualité légale pour prendre en main le pouvoir exécutif ; c’est aux magistrats locaux, aux élus des sections, mieux encore, au comité du département, qu’il appartient de commander dans le département. Pour eux, logés à l’intendance, ils impriment des factums, ils écrivent des lettres, et, très correctement, ils attendent que le peuple souverain, leur commettant, les installe à nouveau sur leurs sièges. Il a été outragé dans leurs personnes ; à lui de venger son outrage ; puisqu’il approuve ses mandataires, il doit leur rendre leur office ; puisqu’il est le maître de maison, il est tenu de faire prévaloir son autorité dans la maison. — Quant aux comités départementaux, il est vrai que, dans leur première chaleur, ils ont songé à former une nouvelle Convention à Bourges[2], soit par l’appel des députés suppléants, soit par la convocation d’une commission nationale de cent soixante-dix membres. Mais le temps manque, on n’a pas les moyens d’exécution, le projet reste suspendu en

  1. Mortimer-Ternaux, VIII, 471 (Lettre de Barbaroux, Caen, 18 juin). — Ib., 133 (Lettre de Mme Roland à Buzot, 7 juillet). « Ce n’est pas à vous à marcher à la tête des bataillons (départementaux) ; vous auriez l’air de vous y mettre pour satisfaire une vengeance personnelle. »
  2. Buchez et Roux, XXVIII, 153 (Délibération des autorités constituées de Marseille, 7 juin).