Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 7, 1904.pdf/33

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
25
LE GOUVERNEMENT RÉVOLUTIONNAIRE

V

Le 7 août, le branle final est donné. Conduits par le département et par la municipalité, nombre de délégués viennent, à la barre de la Convention, faire leur profession de foi jacobine. « Bientôt, disent-ils, on cherchera sur les bords de la Seine où était le marais fangeux qui voulait nous engloutir. Dussent les royalistes et les intrigants en crever de dépit, nous vivrons et nous mourrons Montagnards[1] ! » Applaudissements et embrassades. — De là ils se transportent aux Jacobins, et l’un d’eux propose une adresse rédigée d’avance : il s’agit de justifier le 31 mai et le 2 juin, de « dessiller les yeux » de la France provinciale, de déclarer « la guerre aux fédéralistes ». — « Périssent les libellistes infâmes qui ont calomnié Paris !… Nous n’avons plus ici qu’un sentiment ; toutes nos âmes sont confondues… Nous ne formons ici qu’une énorme et terrible Montagne qui va vomir ses feux sur tous les royalistes et les suppôts de la tyrannie. » Applaudissements et cris ; Robespierre leur déclare qu’ils viennent de sauver la patrie[2]. — Le lendemain 8 août[3], l’adresse est présentée à la Convention, et, sur la motion de Robespierre, la Convention décrète qu’elle sera envoyée aux armées, aux puissances étrangères, à

  1. Moniteur, XVII, 342.
  2. Buchez et Roux, XXVIII, 415 et pages suivantes.
  3. Moniteur, XVII, 348.