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LA RÉVOLUTION


tions et de signaler des lacunes : très certainement, les envoyés des départements girondins réclameront l’élargissement et la rentrée de leurs représentants exilés ; enfin, un grand nombre de délégués, qui ont accepté la Constitution de bonne foi, souhaitent qu’on l’applique au plus vite et que la Convention, suivant sa promesse, abdique pour faire place à une nouvelle assemblée. — Il importe de réprimer d’avance toutes ces velléités d’indépendance ou d’opposition : à cet effet, un décret de la Convention « autorise le Comité de Sûreté générale à faire arrêter les commissaires suspects » ; le Comité surveillera notamment ceux qui, « chargés d’une mission particulière, voudraient tenir des assemblées, attirer leurs collègues à leur opinion et les engager dans des démarches contraires à leur mandat[1] ». Au préalable et avant qu’ils soient admis dans Paris, leur jacobinisme sera vérifié, comme un ballot à la douane, par les agents spéciaux du Conseil exécutif, notamment par Stanislas Maillard, le fameux juge de Septembre, par ses soixante-huit chenapans à moustaches et traîneurs de sabre à cinq francs par jour. « Sur toutes les

    de Lacroix, 6 août). « Il faut punir les délégués contre-révolutionnaires qui ont été envoyés par les conspirateurs que nous avions dans la Convention. »

  1. Moniteur, XVII, 333 (Discours et motion de Basire, 6 août). — Ib., XIX, 116 (Rapport de Voulland, 2 janvier 1794). Le salaire de Maillard et de ses acolytes s’élève à 22 000 livres. — Ib., XVII, 324 (séance du 5 août, discours de Gossuin, Thibault et Lacroix). — Ib., XXIV, 90 (séance du 8 germinal an III, discours de Bourdon de l’Oise) : « On a été obligé de faire un triage parmi les envoyés, pour trouver des hommes qui voulussent demander des mesures de rigueur. »