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LES GOUVERNANTS


à tours accélérés, presque au hasard : à eux, l’odieux du massacre en grand et aveugle ; non seulement il ne s’y oppose pas, mais, tout en feignant de s’abstenir, il y pousse. Renfermé dans son bureau particulier de police secrète, il commande des arrestations[1], il lance Hermann, son limier en chef, il prend lui-même, il signe le premier, il expédie sur-le-champ l’arrêté qui suppose des conspirations parmi les détenus et qui, instituant les « moutons » ou dénonciateurs subornés, va fabriquer les grandes fournées de la guillotine, afin de « purger et déblayer les prisons en un instant[2] ». — « Ce n’est

  1. Dauban, Paris en 1794, 563. — Archives nationales, AF, II, 58. On trouve là des signatures de la main de Robespierre sous plusieurs arrêtés du Comité de Salut public, le 5 et le 7 messidor, puis, ultérieurement, d’autres signatures de Saint-Just et Couthon, jusqu’aux 3, 6 et 7 thermidor. — Cf. F7, 4437, 4438.
  2. Archives nationales, F7, 4438. — Rapport au Comité de Salut public par Hermann, commissaire des administrations civiles, police et tribunaux, 3 messidor an II : « La Commission chargée de la surveillance générale des prisons ne peut s’empêcher de voir que tous ces scélérats, qui ont trempé principalement dans les projets liberticides…, existent encore dans les prisons et y font une bande à part, qui rend la surveillance très laborieuse, est une cause habituelle de désordre, une source continuelle de tentatives d’évasion, un assemblage journalier d’êtres dont toute l’existence se consume en imprécations contre la liberté et ses défenseurs… Il serait possible de connaître ceux qui, dans chaque prison, servaient et devaient servir les diverses factions, les diverses conjurations… Il faudrait peut-être purger en un instant les prisons, et déblayer le sol de la liberté de ces immondices, de ces rebuts de l’humanité. » — En conséquence, le Comité de Salut public charge la Commission… de rechercher dans les prisons de Paris… ceux qui ont particulièrement trempé dans les diverses factions, dans les diverses conjurations que la Convention nationales a anéanties. » — Au-dessous de cet arrêté, il y a, de la