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LES GOUVERNANTS


« n’allez jamais sans armes, et, afin qu’ils ne vous échappent pas par la longueur des arrêts de la justice, poignardez-les sur-le-champ ou brûlez-leur la cervelle. » — « J’entends vingt-cinq millions d’hommes s’écrier à l’unisson : Si les noirs et les ministériels gangrenés et archigangrenés sont assez téméraires pour faire passer le projet de licenciement et de reconstitution de l’armée, citoyens, dressez huit cents potences dans le jardin des Tuileries, et accrochez-y tous les traîtres à la patrie, l’infâme Riqueti, comte de Mirabeau, à leur tête, en même temps que vous ferez au milieu du bassin un vaste bûcher pour y rôtir les ministres et leurs suppôts[1]. » — Si l’Ami du peuple pouvait rallier à sa voix 2000 hommes déterminés, « pour sauver la patrie, il irait arracher le cœur de l’infernal Motier au milieu de ses nombreux bataillons d’esclaves, il irait brûler dans son palais le monarque et ses suppôts, il irait empaler les députés sur leurs sièges et les ensevelir sous les débris embrasés de leur antre[2] ». — Au premier coup de canon sur la frontière, « il est indispensable que le peuple ferme les portes de toutes les villes et qu’il se défasse sans balancer de tous les prêtres séditieux, des fonctionnaires publics contre-révolutionnaires, des machinateurs connus et de leurs complices ». — « Il est de la sagesse des magistrats du peuple de faire fabriquer incessamment une énorme quantité de couteaux très

  1. L’Ami du Peuple, no 198 (26 août 1790).
  2. Ib., nos 523 et 524 (19 et 26 juillet 1791).